Dans la sexualité conventionnelle, la question d’avoir ou de ne pas avoir un orgasme ne se pose généralement pas, ou seulement s’il y a des problèmes qui y sont liés. C’est conventionnellement un des objectifs principaux de l’acte sexuel. Dans notre conférence en ligne du 22 février (replay), nous avons questionné cet objectif.

Et si l’objectif d’avoir un organisme me mettait finalement un peu en dehors de moi-même. Et si cet objectif me coupait de mes sensations subtiles de l’instant ? Il se pourrait que cela me mette sur une trajectoire connue, vue et revue. Il se peut bien, à la longue, que l’on perde un peu ou beaucoup d’intérêt. Un peu comme un trajet régulier sur une autoroute. Le voyage n’est plus si intéressant, voir devient carrément ennuyeux. L’objectif est focalisé sur la destination.

Nous avons donc évoqué l’idée de lâcher cet objectif. Comment cela est pour vous d’imaginer lâcher le but de l’orgasme ? Est-ce plutôt un soulagement ? Une idée bizarre, inconfortable ? Une bonne idée mais dans le concret cela semble peu réalisable ?

Alors pourquoi ne pas sortir de l’autoroute et vous balader sur les petites routes de campagne ? Pourquoi pas même vous arrêter et prendre un petit chemin inconnu qui a l’air joli. Ressentir la fraîcheur du vent, la chaleur du soleil, entendre le chant des oiseaux… C’est un tout autre voyage.

Je (Sébastien) me souviens combien cela a été difficile pour moi de me libérer de cette idée. Tout mon organisme avait intégré ce mécanisme.

Je me rappelle cette fois où nous étions prêts à faire l’amour et j’ai vu en moi cette partie dont l’objectif était d’éprouver du plaisir. Je me suis rendu compte comment cela était inscrit en moi comme un programme. On fait l’amour, donc c’est pour ressentir ce plaisir de l’orgasme. Cela m’a demandé un certain effort de me questionner : est-ce que c’est vraiment cela qui est important pour moi ? Ma réponse a été : “non”, ce qui est important pour moi, ce que je veux nourrir en faisant l’amour c’est la connexion avec elle. Et je me rappellerai toujours de cette fois-là, pas seulement parce que ça a été doux et agréable mais surtout parce que j’ai senti combien nous étions baignés d’amour après.

Mais attention, lâcher l’objectif de l’orgasme ne veut pas dire ne plus avoir d’orgasme. Cela pourrait rapidement se transformer en un nouvel objectif qui serait de ne pas avoir d’orgasme. Nous serions alors au même endroit.

L’idée est simplement de ne pas en faire un but. Peu importe s’il y a un orgasme ou pas.

En tout cas essayer de rester dans cet espace-là. Ce n’est pas facile. Il suffit que l’excitation monte un peu et hop nous prenons une nouvelle bretelle et nous nous retrouvons sur l’autoroute de l’orgasme.

Mais si nous nous libérons de l’objectif de l’orgasme, au final, s’il y a un orgasme, génial, c’est magnifique. Et s’il n’y en a pas, génial et c’est magnifique aussi.

Le plus important c’est d’observer ensuite qu’est-ce qu’il se passe dans la relation. Comment vous sentez-vous dans les minutes, les heures et même les jours d’après ? Vous pourriez y trouver de précieuses informations sur votre fonctionnement et sur ce qu’induit telle ou telle façon de faire l’amour.